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Société

L’écoute musicale, une récompense cérébrale

Une équipe de chercheurs de l’Université McGill de Montréal indique, dans la revue Science du 12 avril 2013, avoir identifié la zone et le mécanisme à l’origine de la sensation de plaisir pendant l’écoute musicale.
En 2011, une équipe de chercheurs du centre de neurologie de l’Université McGill de Montréal avait remarqué que l’appréciation de la musique avait des liens avec quelques-uns des blocs à la base de la génétique humaine. Elle mettait ainsi en exergue que les humains sécrètent de la dopamine dans leur cerveau lorsqu’ils écoutent de la musique.
Mais elle n’avait alors pu déterminer ni la raison ni le mécanisme qui provoquait la libération de cette molécule dans le cerveau. La même équipe a donc repris cet objet d’étude.
Le noyau accumbens, partie réceptive
Parue dans la revue Science du 12 avril 2013, la nouvelle recherche a identifié une zone particulière qui devient active lorsque les personnes entendent une chanson pour la toute première fois. En mesurant l’activité cérébrale dans cette zone du cerveau – connue sous le nom de noyau accumbens –, les scientifiques ont pu déterminer avec précision le degré d’appréciation de la personne qui entend ce nouveau son.
Valorie Salimpoor, qui dirige le projet, explique que cette partie du cerveau joue un rôle central dans le système de récompense du cerveau, c’est elle qui est responsable de la formation de certaines attentes, générées, entre autres, par la musique. Si le noyau accumbens se met en marche, c’est que celles-ci sont satisfaites ou surpassées.
Pour mener leur recherche, les scientifiques ont créé une fausse boutique de musique ressemblant à la bibliothèque iTunes avec des titres gratuits et payants. Les participants à l’étude ont écouté 60 chansons qu’ils n’avaient jamais entendues auparavant et devaient utiliser leur propre argent pour acheter celles qu’ils voulaient. Ils étaient observés en imagerie par résonance magnétique (IRM) pendant qu’ils consultaient la sélection musicale. Ils devaient définir le prix qu’ils étaient prêts à débourser pour chaque chanson.
À chacun sa musique
Les chercheurs ont ainsi pu noter que l’accumulation de l’activité neurologique du noyau accumbens prédisait avec précision comment les participants appréciaient chacune des chansons et l’investissement qu’ils étaient prêts à concevoir pour l’obtenir.
Mais ils ont surtout pu observer que le noyau accumbens n’agissait pas seul. Il tire des informations du gyrus temporal supérieur, une zone du cerveau qui stocke toute la musique entendue par le passé, une sorte de patrimoine musical propre à chacun. En d’autres termes, chaque individu a un cortex auditif modelé selon ses propres critères, au fil de ce qu’il écoute, ce qui rend la manière d’apprécier la musique totalement unique, sur laquelle le cerveau agit comme un système de recommandation de goût musical.
Controverse
D’après le Dr Robert Zatorre, International Laboratory for Brain, Music and Sound Research, il s’agit d’« un résultat intéressant, car la musique consiste en une série de sons qui (…) fonctionnent comme des récompenses ». Toutefois, Sophie Scott, neuroscientifique à l’University College de Londres, a tenu, dans une interview accordée au Guardian, à nuancer les interpré- tations des résultats apportés par l’équipe de Valorie Salimpoor : « On peut apprécier la musique grâce [à de nombreux, NDLR] facteurs. Le système de récompense n’est qu’un aspect parmi d’autres. »

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