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Santé

L’étude SPECTh

Le 17 septembre 2013, l’Association Française pour la Recherche Thermale (AFRETH) présentait à Paris les résultats des recherches sur le Sevrage de Psychotropes par Éducation psychothérapique en Cure Thermale (SPECTh). Investiguée par le Professeur Olivier Dubois, psychiatre (Saujon) entre 2010 et 2011, cette étude de faisabilité a pour objectif de démontrer les effets bénéfiques à court et moyen termes de la cure lors du sevrage de patients consommateurs chroniques de benzodiazépines (BZD). C’est dans le contexte des conclusions obtenues dans l’étude STOP-TAG que cette dernière tire son origine. Également coordonnées par le Pr Dubois en 2006, elles démontraient l’efficacité du thermalisme à orientation psychosomatique (TOP) dans le trouble anxieux généralisé (TAG) en comparaison à celle d’un traitement de référence dans le TAG : la paroxétine (Deroxat®).
La méthodologie appliquée consiste à la prise en charge éducative en thérapie cogito-comportementale délivrée à l’occasion d’un séjour thermal. 4 des 5 stations à orientation psychiatrique (Bagnères-de-Bigorre, Néris-les-Bains, Saujon et Ussat-les-Bains) y ont participé. Le protocole d’éducation thérapeutique était constitué de 4 activités thérapeutiques associées durant 3 semaines : séances de balnéothérapie (18 de massages sous l’eau, 18 de bains bouillonnants, 18 de douches thermales et 18 de bains en piscine), suivi médical par un médecin thermal formé (au minimum 3 consultations), 2 rendez-vous en suivi individuel en TCC avec entretiens motivationnels et 9 heures d’ateliers psycho-éducatifs en groupe encadrés par des professionnels formés associé à 4 heures de relaxation. Enfin, 5 entretiens téléphoniques en post cure étalés sur 6 mois ont été assurés.
Une cohorte de 70 patients âgés de 18 à 85 ans (âge moyen : 54 ans) a été constituée selon un certain nombre de critères dont : surconsommation de benzodiazépines ou médicaments apparentés (1 et 3 molécules différentes d’anxiolytique – 98 % – prescrite depuis au moins 3 ans – 80 %), stabilité thérapeutique depuis au moins 3 mois, motivation exprimée du patient (consentement au sevrage), antécédents de tentatives d’arrêt des benzodiazépines avortées et absence de pathologie psychiatrique contre indiquée. Répartis par groupe de 6 et de 12, ils ont chacun suivi les différentes activités.
Les résultats, établis une première fois 3 mois après la cure puis entérinés au bout de 6 mois, et en comparaison de la prise initiale, ont montré que 43 % des patients avaient arrêté définitivement toute consommation de BZD aux 3e et 6e mois. Au niveau psychologique, une réduction importante du sentiment de dépendance a été observé puisque les patients ayant arrêté leurs BZD exprimaient une plus nette autonomie médicamenteuse (échelle ECAB) et une franche réduction de l’état anxieux et dépressif (- 50 % échelle HAD et – 58 % échelle de Beck). Concernant l’évolution clinique du sommeil, il a été démontré que pour l’ensemble des curistes, le sevrage des benzodiazépines ne s’accompagne pas d’une aggravation des troubles du sommeil. Enfin, les caractéristiques qui sont apparues corrélées à l’arrêt des BZD sont le caractère masculin, l’activité professionnelle ou encore l’usage régulier d’un faible nombre de molécules différentes.
Les conclusions formulées à partir de l’étude reviennent sur ces résultats thérapeutiques : arrêt des BZD pour 43 % des patients du protocole avec amélioration des symptômes anxieux et dépressifs, des troubles du sommeil et réduction du sentiment de dépendance aux médicaments. Si elle présente des limites reconnues par le Pr Dubois lui-même, elle constitue, d’après lui, une alternative à développer. En France, il a été recensé 20 % de consommateurs occasionnels de BZD et 10 % d’usagers réguliers, soit environ 6 millions de personnes concernées. En 2009, la France était le 2e pays européen le plus consommateur d’anxiolytiques et d’hypnotiques.

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