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Au cœur du lac Vostok, vingt mille lieues sous les glaces en Antarctique


Malgré les multiples explorations de l’homme pour en connaître les moindres recoins, la Planète bleue garde sa part de secrets. Au cœur d’un des territoires les plus méconnus, l’Antarctique, il est un endroit encore plus mystérieux : le lac Vostok. 

Cela fait des décennies que les scientifiques tentent de percer les secrets de cette grotte piégée sous la glace. Espérant trouver des formes de vie microbienne inconnue et en apprendre plus sur l’histoire de l’Antarctique. Mais l’opération s’avère très complexe. En plein cœur de la calotte glaciaire, la zone est particulièrement inhospitalière…

60 ans d’explorations… et la peur de la contamination

1957. C’est l’Année géophysique internationale. L’exploration commence. Les Russes installent une station de recherche pour étudier le climat de la région : la base antarctique de Vostok, l’une des stations les plus isolées de l’Antarctique. Ils ne savent pas ce qui se cache sous leurs pieds… Et pendant presque 20 ans, ils vont rester dans l’ignorance, jusqu’à la découverte de cette poche d’eau souterraine par des radars.

1989. Le forage commence. Une autre équipe russe a pris le relai et commence une première percée. Elle mettra 23 ans à aboutir. Tout d’abord suspendu en 1991 au moment de la chute de l’URSS, le forage s’arrête une nouvelle fois à la fin des années 1990 à 188 mètres de la surface du lac. La glace collectée renferme des bactéries potentiellement vieilles de 500 000 ans. Mais la découverte suscite la controverse : selon une équipe franco-russe, les prélèvements ont été contaminés par le liquide de forage… Alors que les travaux doivent reprendre pour descendre jusqu’au lac, ils sont stoppés, de peur de polluer l’eau de la même manière.

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Scientifiques français, soviétiques et américains travaillant à la station Vostok et tenant des carottes de glace.
Scientifiques français, soviétiques et américains travaillant à la station Vostok et tenant des carottes de glace. Par Todd Sowers, LDEO, Columbia University, Palisades, New York — http://www.ncdc.noaa.gov/paleo/slides/slideset/15/15_305_slide.html, Domaine public

 

2006. Après avoir pris de nombreuses précautions, les manoeuvres peuvent être relancées. Et après 6 ans, le forage prend fin le 5 février 2012. Mais il va falloir patienter encore un peu car c’est l’hiver et les conditions sont trop extrêmes.

2013. Les premiers résultats d’analyse de l’eau liquide du lac Vostok tombent. Le chercheur russe Sergueï Bulat affirme qu’ils sont le témoin d’espèces vivantes non identifiées. Après examen, les séquences d’ADN trouvées sur place aurait permis d’identifier plus de 1 600 organismes, dont certains ne correspondent à aucune espèce répertoriée sur Terre. Mais le doute d’une contamination persiste au sein de la communauté scientifique.

Froid, pression, absence de lumière… des conditions très inhospitalières

Si ces nombreuses explorations n’ont pas encore permis de résoudre entièrement le mystère de cette grotte engloutie, elles ont tout de même offerts de précieuses informations.

À commencer par ses dimensions. Pour le trouver, il faut descendre à 4 000 mètres sous la glace de l’Antarctique. À 500 mètres sous le niveau de la mer, il s’étend sur 250 km de long et 50 km de large. C’est l’un des plus vastes lacs subglaciaires, dans la région et sur Terre en général. Atteignant près de 15 000 km², Vostok rivalise avec le lac Ontario en Amérique du Nord.

L’Antarctique, un désert où la vie bouillonne. En photo : des manchots empereurs, oiseaux endémique de l’Antarctique.

Depuis 20 millions d’années, il renferme une eau douce liquide totalement coupée du monde. Ce qui pose une première interrogation : dans une zone où les températures descendent jusqu’à – 90 °C, l’eau devrait geler. Une réponse théorique veut que l’eau du lac Vostok soit en fait à – 3°C. Toujours trop froide pour être liquide. La pression exercée par les plaques de glaces au-dessus du lac et le flux géothermique entreraient alors en jeu.

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En plus d’être particulièrement froid, cet espace n’a jamais échangé avec l’atmosphère, il est protégé de la lumière du jour, enregistre une pression plus de 300 fois supérieure à ce que le corps humain supporte à l’air libre, et montre de grandes quantités d’oxygène. Des conditions très hostiles, qui expliquent les fantasmes persistant autour de l’écosystème potentiel de Vostok.

© Todd Sowers

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