La Suisse possède une offre bien-être sectorisée qui confère au marché particularités et performances économiques. Bains thermaux, au sel de mer, centre aquatique, urban day Spa, spa d’hôtel, maison de cures, clinique et medical wellness, etc., sont autant de types d’établissements. À l’heure où le marché du wellness se construit en France, qu’en est-il d’un pays dont l’ensemble des produits bien-être représenterait près de 6 milliards d’euros1.
Le marché suisse du wellness connaît, depuis plusieurs années, une nette expansion. Phénomène apparu dans le milieu des années 1990, ce dernier se construit en tant que tel lorsque le secteur de l’hôtellerie suisse a unifié sa présence sur le marché en adoptant le label Wellfeeling Suisse, lancé par l’association Suisse Tourisme1. En 1998, les établissements hôteliers et de cure proposaient une offre wellness estimée à 3 % pour un chiffre d’affaires d’environ 200 millions CHF (162,4 M€) ; en 2002, ce dernier passe à 300 millions CHF (243,5 M€), correspondant à un taux annuel de près de 10 %. D’une manière générale, le nombre d’installations de wellness au sein d’hôtels suisses aurait ainsi augmenté de 46 % entre 1995 et 20052.
À titre d’exemple, 81 millions d’euros d’investissements ont été effectués entre 2002 et 2006 sur la Riviera, à l’est de la rive helvétique du lac Léman, dans les établissements de La Prairie (40,5 M€), du Montreux-Palace (14,6 M€), Laclinic (8,9M €) et de des Trois-Couronnes (4,8 M€) 3.
Associé au marketing touristique global du pays, lequel tire son identité des thématiques de nature et de santé, le tourisme suisse du bien-être est, d’après un rapport réalisé en 2012 par Euromonitor, un marché « bien établi » dont la marche de progression est estimée à 22 %4.
Celui-ci reposerait sur des critères de différenciation spécifiques auxquels Aquæ a souhaité s’intéresser. Dans ce cadre, Eurofin Hospitality, société de conseil suisse, notamment spécialisée dans l’hôtellerie et le bien-être, a été mandatée afin de réaliser une consultation auprès des principaux établissements suisses et définir les offres existantes et leurs perspectives d’évolution.
Types d’établissements
La Suisse possède plusieurs types d’établissements répondant au critère wellness. Afin d’en dresser une typologie, l’enquête s’est déroulée auprès de 107 établissements répartis de la sorte : 10 maisons de cures (seules les maisons de cures possédant un espace eau ont été sélectionnées), 45 hôtels (hôtels 5* sélectionnés ainsi que certains hôtels en raison d’une localisation stratégique pour le bien-être), 11 centres aquatiques (tous les grands centres aquatiques du pays) et 23 bains thermaux.
Les frontières entre les uns et les autres n’étant pas clairement distinctes, il en ressort que, majoritairement, le marché suisse est constitué d’établissements multi produits (35 %). C’est le cas, par exemple, du Engadin Bad Scuol, dans le canton des Grisons, qui réunit maison de cure et spa urbain ou du Grand Resort Bad Ragaz (5*) dans le canton de Saint-Gall, abritant bains thermaux, spa d’hôtel, centre aquatique et maison de cure. Pour le reste, 25 % sont des spas d’hôtel, 22 % des spas urbains, 8 % des bains thermaux, 7 % des centres aquatiques et 3 % de maisons de cure. Un peu moins de la moitié utilise de l’eau. Dans le détail, ils sont 32 établissements à se servir de l’eau thermale, 12 de l’eau eau minérale non classée thermale (d’une température inférieure à 20° selon la règlementation suisse) et 4 de l’eau thermale et salée.
Si leur distinction n’est pas simple, il n’en demeure pas moins que chacun d’entre eux présente des indications thérapeutiques et des bénéfices spécifiques. Ainsi, les day spas ou spa d’hôtel et urbain, représentant l’offre principale (47 % à eux deux), sont positionnés sur la détente, la beauté et le bien-être. Ils concentrent des services de massages, soins visage et corps, auxquels peuvent s’ajouter saunas, piscines, jacuzzi et hammams. À noter, une nette distinction entre l’un et l’autre pouvant se situer sur des gammes différentes dont découlent des politiques commerciales et marketing distinctes, par exemple. Les bains thermaux sont des établissements utilisant des eaux souterraines dont les vertus thérapeutiques sont médicalement reconnues, notamment par l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP). Leur offre s’appuie sur la stimulation de la circulation, la détente musculaire, la rémission des affections de longue durée des articulations, des rhumatismes ou des allergies, la relaxation et la détente. Les centres aquatiques sont conçus pour la détente, le loisir et le bien-être. Ils abritent piscines, bains à remous, douches de nuque, jets massant, piscines à vagues, toboggans, bains de saumure, espaces de détente et saunas. Enfin, les maisons de cure sont des résidences ou des hôtels qui effectuent, sous surveillance médicale, des thérapies et des traitements (physiothérapie, cures, récupération et repos après un accident, réhabilitation, etc.), le plus souvent combinés avec de l’eau. Elles s’adressent essentiellement à une clientèle présentant des problèmes de santé, non active ou âgée.
Indépendamment de leurs spécificités, nombres de services et installations sont communs à ces différentes structures. C’est le cas des massages, des soins esthétiques, de la présence d’un médecin et des séances de physiothérapie, offertes dans plus de la moitié des centres participants. Côté équipements, les piscines représentent un investissement quasi-systématique puisque 92,9 % des répondants déclarent en posséder une intérieure, 64,3 % dispose également d’une extérieure et 21,4 % d’une animée (notamment avec un toboggan à 35,7 %). Pour 63, 4 % d’entre eux, elles sont équipées de jets massants et de col de cygne. Plus de la moitié des déclarants possèdent également un sauna (57,1 %) et la moitié un kneipp (50 %) tandis que seuls 28,6 % reconnaissent avoir investi dans un hammam ou bain turc.
Typologie de la clientèle
Significativement, la clientèle dominante est nationale puisqu’elle représente 71 % des chiffres de fréquentation des établissements interrogés. Selon les classes d’âge, elle se définit ainsi : 32 % ont entre 40 et 60 ans, 25 ont 60 ans et plus, 22 % entre 30 et 40, 13 % entre 20 et 30, et 8 % ont moins de 20 ans. La majorité de la clientèle vient en couple, avec une bonne et assez régulière fréquentation des familles dans les bains thermaux.
Les soins les plus prisés sont les massages et les soins esthétiques. Côté traitements, ce sont les cures de « décrassage » et d’amaigrissement qui se distinguent. Enfin, dans l’utilisation de soins issus d’une autre culture, démontrant un goût prononcé pour l’exotisme de cette clientèle, le hammam (pratiqué de façon non traditionnelle), l’ayurvéda et le watsu sont les plus populaires.
À la question, « y a-t-il une saisonnalité ? » les établissements ayant répondu témoignent d’une fréquence biannuelle, différenciée en été et en hiver. Cette particularité peut s’expliquer principalement par la localisation des établissements, beaucoup étant situés dans les régions de montagne, ce qui en accentue la forte saisonnalité, tant pour les Suisses qu’en raison de la fréquentation touristique étrangère.
Tendances du marché
Du point de vue des répondants, les deux tendances les plus marquantes sont le « medical wellness » et le « health tourism ». La première a fait une apparition tardive en Suisse, en comparaison d’un pays voisin comme l’Allemagne et des offres wellness. Elle représente pour le secteur un important potentiel de croissance qui tire son origine des « caractéristiques » offertes par le pays : altitude, tranquillité, sécurité, climat, matériels alpins dans l’architecture et décoration intérieure, cuisine alpine et redécouverte des formules curatives alpines, dans lesquelles, d’après eux, le « medical wellness » puise ses bases. Dans cette perspective, une discussion est menée depuis 2011 sur l’introduction d’un label « Medical Wellness ». Il s’ajouterait ainsi aux quatre autres certifications déjà en vigueur, lesquelles construisent l’offre wellness en Suisse : Wellness I et Wellness II développées par le syndicat Hôtellerie Suisse, Wellness Destination mise en place par l’association nationale Suisse Tourisme et Wellness Plus, label de la Private Selection Service AG pour des hôtels sous gestion privée et de première classe spa en Suisse et en Forêt-Noire.
La seconde, le « health tourism », est une solution envisagée comme « tout en un », proposant des séjours plus longs, mais aussi plus complets et complexes. Les hôtels ne seraient plus seulement des solutions d’hébergement mais se présenteraient comme une « destination » à part entière offrant tous les services, du diététicien au médecin, du masseur à l’instructeur fitness.
Plus minoritairement, d’autres perspectives d’évolution ont été mentionnées comme le « mindness », concept de wellness élargi, créant une passerelle entre corps et esprit par le biais de services et offres comme la méditation et le positive thinking training, par exemple. Face à l’accroissement de la proportion d’hommes dans les centres wellness, le spa et les hommes en est une autre. Reste que l’offre est en partie à adapter à cette clientèle. Enfin, la tendance vers des visites plus courtes mais plus fréquentes est constatée comme l’ouverture, surtout dans les Day Spas et les Spa d’Hôtels, à des offres élargies et orientées sur des cours et une pratique du yoga, de la méditation, de l’Ayurveda et autres techniques asiatiques.
Un dossier élaboré avec Eurofin Hospitality
Le dossier sur aquae-officiel.fr
Méthodologie