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Société

La fin du plastique jetable : le paradoxe de l’eau


Des emballages en verre ou en acier inoxydable pour remplacer les bouteilles en plastique, oui. Mais si leur production augmente la consommation de la ressource en eau, que faire ?

Alors que 8 millions de tonnes de déchets en plastique finissent chaque année dans les océans, la lutte contre les emballages plastique se trouve au cœur des préoccupations sociétales. De cette problématique découle un enjeu majeur : trouver des alternatives vertes. D’autant que le gouvernement français s’est fixé 3 objectifs précis. 2027 : augmentation de 10 % des emballages réutilisés. 2030 :  réduction de 50 % des bouteilles en plastique à usage unique d’ici 2030. 2040 : fin des emballages plastique à usage unique. Le compte à rebours est enclenché.

Place aux bouteilles d’eau consignées

Des solutions pour remplacer le plastique, il en existe plusieurs. Le cabinet d’audit et de conseil EY et l’ONG de protection de l’environnement WWF se sont penchés sur la question. Les conclusions, publiées le 24 septembre dernier, font ressortir plusieurs alternatives au tout jetable. La vente en vrac et la vente assistée où le consommateur emporte son propre emballage, le changement d’usage et l’emballage consigné pour réemploi. Un substitut qui pourrait s’adapter à l’eau en bouteille. Quatre matériaux sont envisagés : 

  • Le verre. C’est l’option la plus répandue pour les consignes, notamment car il est recyclable à l’infini. Toutefois, il présente des inconvénients : sa fabrication est très énergivore et son poids augmente l’impact environnemental de son transport. 
  • Le plastique. Il est léger, ce qui tempère l’impact de son transport. Mais sa réutilisation est limitée par sa sensibilité à l’usure.
  • L’acier inoxydable. Ce matériau léger et robuste peut être réemployé de nombreuses fois. Déjà utilisé pour les gourdes, par exemple, son coût relativement élevé explique sa faible exploitation jusqu’à présent.
  • L’aluminium. Lui aussi est léger et sa fabrication représente des coûts plus faibles que l’acier. Cela étant, ses propriétés ne le rendent pas particulièrement approprié à l’alimentaire. Il est ainsi préférable pour les produits d’hygiène et les cosmétiques.
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Moins de déchets, mais plus d’eau consommée

Malheureusement, ce n’est pas aussi simple. La plupart de ces options apportent certes des améliorations en terme d’impact environnemental. La quantité de déchets est presque réduite à néant (- 96 %) et les émissions de gaz à effet de serre sont abaissées de 48 %. En revanche, la consommation en eau se trouve accrue. Et l’augmentation n’est pas anecdotique, elle serait de + 169 %. 

À cela, s’ajoute un paradoxe : l’utilisation de bouteilles consignées pour l’eau représente l’alternative la plus consommatrice en eau. Au regard de cette estimation, EY et WWF préconisent, en parallèle du développement des consignes, une alternative à privilégier prioritairement : l’eau du robinet. Ce qui permettrait de supprimer les emballages. Cette évolution demandera des ajustements au niveau des industriels, des distributeurs, des consommateurs et des pouvoirs publics. Il s’agit, par exemple, d’installer davantage de fontaines à eau avec des emballages consignés. Mais aussi de proposer une eau du robinet de qualité sur tout le territoire. En plus d’investir dans la recherche et le développement pour imaginer d’autres solutions à la consommation nomade d’eau.

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