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Santé

Vers un nouveau modèle économique du sport-santé en France


Le contexte de crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, mais aussi de préparation des jeux Olympiques de Paris 2024, offre une opportunité pour les pouvoirs publics français : la mise en place d’une politique favorable au déploiement du sport-santé. Ce qu’appellent de leurs vœux les auteurs d’une tribune soutenue par 8 000 collectivités.

Alors que les mesures de confinement ont augmenté le risque de sédentarité de la population, les habitudes adoptées pendant cette période, comme le télétravail, l’accroissent encore davantage. Dans ce contexte, le sport-santé pourrait tirer son épingle du jeu et se déployer sur le territoire hexagonal. Partant de ce constat, le député Belkhir Belhaddad, le Dr Didier Ellart, vice-président de l’Association nationale des élus chargés du sport (Andes), et Alexandre Feltz, coordonnateur des villes sport-santé du Réseau français des Villes-Santé de l’OMS, signent une tribune encourageant l’essor du sport-santé, publiée le 30 mai dans Le Journal du Dimanche. Récoltant le soutien de près de 8 000 collectivités. 

Faire baisser le coût de la sédentarité et des pathologies chroniques

Globalement, un Français sur 5 pratique moins de 3 heures de sport par semaine, qui est la durée recommandée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pour être en bonne santé. Et 20 % de la population n’effectue aucune activité physique, selon une étude du site Coachme.fr. 41 % des individus auraient d’ailleurs diminué leur activité physique pendant cette période de crise. 

A contrario, un tiers des personnes interrogées ont été plus actives et plusieurs pratiques sportives ont connu un certain essor, comme la marche nordique, la course à pied ou encore le yoga, résultant de deux composantes : l’impossibilité de se rendre dans une salle de sport et l’autorisation d’effectuer une activité physique individuelle pendant 1 heure dans un rayon d’1 km autour du domicile. 

En ce contexte de crise sanitaire, les auteurs de la tribune estiment que l’exercice physique présente deux avantages majeurs. Il permet non seulement d’améliorer les défenses immunitaires, mais aussi de prévenir l’apparition de pathologies chroniques. Ces dernières pouvant représenter des « facteurs de comorbidité aggravants du COVID-19 », notamment les cancers, l’obésité morbide, le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou encore l’hypertension artérielle. Cette phase de pandémie est donc jugée particulièrement propice à la construction « d’une nation active et sportive ». C’est l’occasion « d’inciter nos concitoyens à vivre en meilleure santé physique et mentale ».

Des investissements publics sont donc jugés nécessaires pour développer l’activité physique et sportive. Mais, ces dépenses devraient engendrer des économies à l’avenir : le coût de la sédentarité et des maladies chroniques serait de 17 milliards d’euros en France chaque année d’après la tribune. Qui affirme d’ailleurs qu’une hausse de 10 % de l’exercice permettrait d’économiser 600 millions d’euros par an. En particulier parce qu’il réduit les diabètes de type 2 de 50 %, les maladies cardio-vasculaires de 30 %, les AVC de 30 % et les cancers du sein ou du côlon de 20 à 25 %. Et retarde de 7 à 10 ans la perte d’autonomie, augmentant ainsi l’espérance de vie en bonne santé, qui est d’ailleurs, en France, inférieure à la moyenne européenne.

En outre, les auteurs mettent en avant un terrain favorable qui pourrait profiter aux pouvoirs publics : la préparation des JO de Paris 2024. Les organisateurs ont effectivement placé la santé au cœur de leur stratégie et affichent un objectif sur le long terme : « faire bouger les Français ». Les quatre prochaines années peuvent donc offrir l’opportunité de créer des espaces d’activité physique, de réaménager les installations sportives ou encore d’encourager les inscriptions dans les clubs.

Lire aussi :  L'OMS et le CIO font équipe pour promouvoir le sport comme facteur de santé

Les ARS aux commandes et un financement forfaitaire de l’Assurance maladie

En parallèle, sont mises en exergue différentes mesures gouvernementales adoptées depuis 4 ans pour accompagner l’émergence du sport-santé. À l’instar de la loi santé du 26 janvier 2016 et du décret du 30 décembre 2016 qui encadrent le sport sur ordonnance, offrant la possibilité aux médecins de prescrire une activité physique adaptée aux personnes souffrant d’affections de longue durée. Autre initiative en ce sens : le référencement de 500 Maisons Sport-Santé (MSS). 

Lire aussi :  Objectif : 500 Maisons Sport-Santé en 2022

Cela étant, les instigateurs déclarent que la pratique reste insuffisante, et ce, par manque de financements : « Les circuits sont compliqués, la volonté politique manque, les territoires ne sont pas identiquement couverts ». Soulignant que le sport santé n’est généralement amorti que par les collectivités locales. Même si certaines ARS, Caisses primaires d’assurance maladie et mutuelles interviennent, cela reste marginal. Les auteurs signalent que la promotion à grande échelle de la pratique sportive comme vecteur de santé est un enjeu majeur de santé publique qui doit faire l’objet d’une stratégie nationale : « le sport santé doit mobiliser nos décideurs nationaux et fédérer les acteurs. Il doit devenir une grande cause nationale et une priorité du monde de demain, parce qu’il concilie le plaisir, le renforcement immunitaire, la prévention des affections médicales et la liberté que nous allons ensemble progressivement retrouver ».

Ils préconisent donc la mise en place d’un nouveau modèle économique. Il ferait intervenir les ARS (Agences régionales de santé), qui assureraient le pilotage. Mais aussi l’Assurance maladie pour la prise en charge des séances d’activité physique adaptée sous forme de forfaits. Ou encore les complémentaires santé qui pourraient instaurer des remboursements de licences sportives.

Les signataires :
Belkhir Belhaddad, député de la Moselle et conseiller municipal de la ville de Metz ; Dr Didier Ellart, vice-président de l’Association nationale des élus chargé du sport (Andes) et adjoint au maire de Marcq-en-Barœul ; Alexandre Feltz, coordonnateur des villes sport santé du Réseau français des villes-santé de l’OMS et adjoint au maire de Strasbourg. 

Avec le soutien de :
Valérie Fourneyron, ancienne ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative ; Patrick Kanner, sénateur du Nord, ancien ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports ; Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) ; Marc Sanchez, président de l’Andes ; Philippe Gonigam, président de l’Union nationale des sportifs de haut niveaux (UNSHN) ; Bertrand Hoze, directeur de l’Union nationale des sportifs de haut niveaux (UNSHN) ; Stéphane Diagana, initiateur de l’étude As du Cœur et fondateur d’Azur Sport Santé ; Mickaël Jérémiasz, président de l’association Comme les Autres ; Docteur Brice Canot, porte-parole du Collectif France Sport Santé ; Docteur Alain Fuch, président d’Azur Sport Santé ; Collectif « Pour une France en forme » ; François Cormier-Bouligeon, député du Cher ; Cédric Roussel, député des Alpes-Maritimes ; Régis Juanico, député de la Loire ; Damien Adam, député de Seine-Maritime ; Eric Alauzet, député du Doubs ; Stéphanie Atger, députée de la Essonne ; Pascal Bois, député de l’Oise ; Stéphane Buchou, député de Vendée ; Danièle Cazarian, députée du Rhône ; Sébastien Cazenove, député des Pyrénées-Orientales ; Annie Chapelier, députée du Gard ; Fannette Charvier, députée du Doubs ; Paul Christophe, député du Nord ; Jean-Charles Colas-Roy, député de l’Isère ; Fabienne Colboc, députée de l’Indre-et-Loire ; Yolaine de Courson, députée de Côte d’Or ; Dominique Da Silva, député du Val-d’Oise ; Marc Delatte, député de l’Aisne ; Jacqueline Dubois, députée de la Dordogne ; Audrey Dufeuschubert, députée de Loire-Atlantique ; Françoise Dumas, députée du Gard ; Agnès Firmin Le Bodo, députée de Seine-Maritime ; Guillaume Gouffier-Cha, député du Val-de-Marne ; Carole Grandjean, députée de Meurthe et Moselle ; Véronique Hammerer, députée de Gironde ; Danièle Hérin, députée de l’Aude ; Caroline Janvier, députée du Loiret ; Jacques Krabal, député de l’Aisne ; Sonia Krimi, députée de la Manche ; Jean-Luc Lagleize, député de la Haute-Garonne ; Charlotte Lecocq, députée du Nord ; Monique Limon, députée de l’Isère ; Richard Lioger, député de Moselle ; Sylvain Maillard, député de Paris ; Stéphane Mazars, député de l’Aveyron ; Graziella Melchior, députée du Finistère ; Patricia Mirallès, députée de l’Hérault ; Jean-Michel Mis, député de la Loire ; Catherine Osson, députée du Nord ; Michel Peyron, députée de Seine et Marne ; Maud Petit, députée du Val-de-Marne ; Isabelle Rauch, députée de Moselle ; Véronique Riotton, députée de la Haute-Savoie ; Stéphanie Rist, députée du Loiret ; Laurianne Rossi, députée des Hauts-de-Seine ; Bertrand Sorre, député de la Manche ; Sira Sylla, députée de Seine-Maritime ; Marie Tamarelle-Verhaeghe, députée de l’Eure ; Buon Tan, député de Paris ; Stéphane Testé, député de la Seine-Saint-Denis ; Mireille Robert, députée de l’Aude ; Pierre Venteau, député de la Haute-Vienne ; Annie Vidal, députée de Seine-Maritime ; Patrick Vignal, député de l’Hérault ; Hélène Zannier, députée de la Moselle ; Souad Zitouni députée du Vaucluse.

Les élu(e)s du groupe de travail national sport santé du Réseau Français des Villes-Santé de l’OMS :
Jean-Louis Arcaraz, adjoint au maire de Libourne ; Guillaume Barucq, adjoint au maire de Biarritz ; Marie Annick Bénâtre, adjointe à la maire de Nantes ; Gérard Castan, adjoint au maire de Sète ; Jérémie Crépel, Conseiller municipal de Lille ; Maria del Pino Mercader Y Puig, adjointe au maire d’Aubervilliers ; Dominique Delandre, adjoint au maire de Montargis ; Dominique Douay, adjointe au maire de Château-Thierry ; Michaël Dozière, adjoint au maire de Douai ; Jean-Claude Dubos, Conseiller municipal de Blagnac ; Anne-Marie Heugas, adjointe au maire de Montreuil ; Annie Lombard, vice-présidente, Le Grand Chalon ; Henri Metzger, Conseiller municipal de Mulhouse ; Carole Michelon, adjointe à la maire et Damien Got , adjoint à la maire de Romans-sur-Isère ; Valmi Noumi Komguem, adjoint au maire d’Orléans ; Patrick Padovani, adjoint au maire de Marseille ; Jacques Pairo, adjoint au maire et Jean Pierre Courrèges, Conseiller municipal de Narbonne ; Daniel Raymond, adjoint au maire de Fontainebleau ; Sylvie Rozette, adjointe au maire de Limoges ; Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris ; Catherine Vanrenterghem, adjointe au maire de Coudekerque-Branche.

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