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Santé

Les maladies chroniques : un défi majeur pour réduire les dépenses de santé


Selon le rapport annuel précédant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les remboursements de soins de santé continuent de croître et les pathologies chroniques devraient représenter une proportion toujours plus importante à l’avenir.

La Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) a remis, le 2 juillet dernier, son rapport « Charges et Produits » pour l’année 2021. Destiné aux parlementaires et aux autorités de santé, il a pour mission  de préparer les réflexions autour du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), avec l’objectif final d’améliorer le système de santé et de contrôler les dépenses.

La nécessité de mesurer l’impact de la crise sanitaire

Dans le contexte de pandémie de COVID-19, le document comporte ainsi une section dédiée à la crise sanitaire qui entend analyser les conséquences de cette dernière, notamment en matière de report de soins et d’organisation des soins. La Cnam explique d’ailleurs que, s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, deux tendances se dégagent : un important report du recours aux soins, ainsi que du fardeau de la maladie. Et ce, sur l’ensemble du territoire hexagonal, sans lien direct avec l’activité de l’épidémie. Les effets de ces différés semblent difficiles à estimer sur le long terme, mais le retour à la normale va prendre du temps et nécessiter des mesures spécifiques. 

Dans cette optique, l’Assurance maladie propose, par exemple, une collaboration entre les acteurs académiques et institutionnels pour améliorer les connaissances sur la crise sanitaire. En parallèle, des dispositions sont avancées pour rattraper le retard de soins, comme le lancement d’actions de communication pour renforcer le dépistage organisé du cancer colorectal.

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Une part majeure des pathologies chroniques dans l’augmentation des dépenses

Autre grande thématique abordée par le rapport : la cartographie médicalisée des dépenses de santé. En s’appuyant sur les informations concernant le remboursement des soins du Système national des données de santé (SNDS), une évolution des affections et des dépenses entre 2012 et 2018 est ainsi présentée. Celle-ci montre que 142 milliards d’euros ont été remboursés dans le cadre du régime général en 2018, ce qui représente 57,9 millions d’individus pris en charge. 61 % de ce montant revient aux pathologies et aux traitements chroniques et concerne 35 % de la population.

De manière plus détaillée, après les épisodes hospitaliers dits « ponctuels», la proportion la plus importante de ces dépenses revient à la santé mentale, qui engrange 14,5 % des remboursements. Viennent ensuite les cancers (11,5 %), puis les maladies cardio-neurovasculaires (10 %). 

Depuis 2012, les dépenses de soins ont donc augmenté de 19,6 milliards d’euros, ce qui symbolise une hausse de presque 14 % sur 7 ans, soit 1,9 % en moyenne chaque année. Les élévations les plus importantes sont d’ailleurs relatives à la prise en charge des cancers.

© Cnam

500 000 malades chroniques de plus d’ici à 2023

En parallèle, le document fournit des projections concernant l’évolution du nombre d’individus pris en charge entre 2019 et 2023. Il table sur une poursuite de la hausse des effectifs de patients présentant une consommation de soins significative, notamment pour des pathologies chroniques. Les affections connaissant les plus grandes croissances d’effectifs seraient les maladies cardio-neurovasculaires, le diabète, les pathologies psychiatriques, les maladies inflammatoires ou rares, les cancers, les maladies respiratoires chroniques ou les autres affections de longue durée. En conclusion, 500 000 personnes supplémentaires pourraient être affectées par une pathologie chronique d’ici à 2023.

Troisième sujet majeur : le respect de l’Objectif national des dépenses d’Assurance maladie (Ondam). Plusieurs mesures sont avancées pour permettre d’économiser 1 milliard d’euros. Elles portent non seulement sur les produits de santé, mais aussi sur les actes et les prescriptions, la prise en charge ou encore la lutte contre la fraude.

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27 propositions pour économiser et maintenir un système performant

Une série de recommandations découle des différentes sujets mis en exergue :

  1. Promouvoir la prescription de metformine par une nouvelle action d’accompagnement auprès des médecins généralistes.
  2. Accompagner de manière ciblée les prescripteurs d’hypolipémiants sur la thématique du mésusage.
  3. Déployer la mise sous demande d’accord préalable des anti-PCSK9 afin de favoriser leur juste prescription.
  4. Améliorer le diagnostic de la dépression et sa prise en charge par un accompagnement des médecins sur la prescription d’antidépresseurs.
  5. Prévenir la désinsertion professionnelle par l’expérimentation des plateformes de services départementales.
  6. Développer des actions de maîtrise médicalisée sur des examens de biologie ciblés, dans un cadre concerté avec les médecins prescripteurs et les médecins biologistes.
  7. Engager une campagne de sensibilisation sur le bon usage de l’échographie cardiaque en pré-opératoire, permettant d’aider les professionnels dans leur choix de prescription.
  8. Reprendre dès 2020 la démarche de déploiement régional des parcours de soins élaborés dans le cadre de « Ma santé 2022 ».
  9. Modéliser l’impact en santé et le potentiel économique de la mise en place des parcours pertinence (sur l’insuffisance cardiaque).
  10. Poursuivre le déploiement des volets du programme d’accompagnement au retour à domicile, Prado, pour les pathologies chroniques et les personnes âgées, et déployer un volet en sortie de SSR.
  11. Construire avec les représentants des gastro-entérologues une démarche d’amélioration de la qualité des endoscopies.
  12. Relancer une campagne de communication sur la lombalgie, ainsi qu’une campagne d’accompagnement des professionnels de santé.
  13. Contribuer au suivi et à la connaissance des impacts sanitaires de la crise et de ses conséquences en partenariat avec les acteurs institutionnels et académiques.
  14. Contribuer aux efforts de reprise d’activité pour rattraper le retard généré par le report des soins.
  15. Accélérer le déploiement des structures de l’exercice coordonné pluri-professionnel en favorisant l’essor des initiatives.
  16. Poursuivre le déploiement de la télémédecine dans un cadre respectueux de la qualité de la prise en charge.
  17. Favoriser le développement et l’adoption d’outils médico-économiques pour appuyer les démarches de prévention en lien avec Santé publique France.
  18. Réfléchir à une potentielle extension de l’expérimentation « Mission retrouve ton cap ».
  19. Mettre en œuvre progressivement le parcours de coordination renforcée des enfants de « 0-6 ans santé-accueil-éducation » du Plan Priorité Prévention.
  20. Permettre la diffusion et la soutenabilité financière des thérapies géniques par la mise en place de contrats de performance et un lissage de l’impact budgétaire sur plusieurs années.
  21. Accroître la participation de l’Assurance maladie aux coopérations européennes en matière de transparence des produits de santé.
  22. Utiliser le cadre expérimental de l’article 51 de la LFSS 2018 dans un objectif cible de nouveau champ de droit commun pour les dispositifs médicaux connectés.
  23. Adapter les modalités de fixation des prix aux spécificités des dispositifs médicaux connectés dans le cadre de la LPP (liste des produits et des prestations).
  24. Rémunérer l’ensemble des créateurs de valeur via des rémunérations globales intégrant les dispositifs médicaux connectés.
  25. Développer une approche fondée sur les données de vie réelle pour éclairer les décisions en matière de prise en charge des dispositifs médicaux connectés.
  26. S’appuyer sur l’Espace numérique de santé (ENS) pour partager l’information sur les DMC (dispositifs médicaux connectés).
  27. Accompagner l’évolution des indications des TAVI (Transcatheter Aortic Valve Implantation) par une révision de leur tarif et à terme une intégration dans le GHS (groupe homogène de séjour).

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